La volée de coup droit
Entièrement décryptée



Bien qu'il soit un dérivé de différents sports de raquette, le padel a des éléments techniques qui lui sont propres. Et la volée de coup droit en est le parfait exemple. Très technique, ce geste demande bien plus de travail et de précision qu’on ne le pense. Décryptage avec Yann Auradou.
Contrairement au tennis, la volée de coup droit se joue en impactant la balle de haut en bas avec une légère ouverture de main à l’impact pour apporter un effet coupé à la balle. Si une prise marteau permet d’amplifier l’effet coupé, une prise semi-fermée permet de donner plus de vitesse à la balle. La position d’attente se fait avec une tête de raquette vers le ciel, quasiment perpendiculaire au sol pour pouvoir anticiper l’impact de haut en bas.
Mécaniquement parlant, le saut d’allègement consiste à faire un petit saut juste avant que l’adversaire ne touche la balle pour retomber au sol (reprise d’appuis) au moment où votre adversaire frappe. La reprise d’appuis permet de compresser les jambes comme des ressorts afin de pousser de manière explosive dans la direction de la balle. Si aucune reprise d’appuis n’est faite, on est alors pris au dépourvu quand l’adversaire frappe la balle.
Il y a une légère orientation des épaules du côté où la balle va être frappée. Attention à ne pas préparer trop loin derrière. Il n’y a pas le temps, ni le besoin, d’une trop grande prise d’élan au risque de frapper la balle derrière soi (ou de frapper beaucoup trop fort) et donc de ne pas maîtriser la frappe. La préparation doit donc rester dans son champ de vision pour avoir un plan de frappe qui se situe devant soi. Comme il n’y a pas de rebond et que la balle ne sera pas freinée, le poignet doit être compact et bloqué pour ne pas « subir » la balle.
Il faut jouer la balle en appuis ouverts. Cela veut dire appuyer fort sur la jambe droite en volée de coup droit (pour les droitiers) pour pouvoir pousser vers l’avant en direction de la zone voulue. La réception de ce « déséquilibre » maîtrisé se fait naturellement sur la jambe opposée à la frappe. L’appui ouvert sert également à couper la trajectoire de la balle pour gagner du temps sur les adversaires et pour être plus proche du filet. Ce transfert permet de donner de la vitesse à la balle. Attention à ne pas être immobile à la frappe. Encore une fois, le risque est de subir la vitesse de la balle adverse et de ne pas la maîtriser.
Contrairement au tennis où l’on va à la volée pour terminer le point, au padel, l’échange dure à partir du moment où un joueur se retrouve proche du filet. Il est très fréquent d'avoir à jouer de nombreuses volées avant d'avoir une opportunité de terminer le point. L’objectif est de faire défendre l’adversaire sous le niveau du filet pour l’obliger à relever la balle qu’on pourra alors attaquer. D’où l’effet coupé évoqué précédemment, qui entraînera une descente de la balle après qu’elle aura touché la vitre. Il est important de varier les zones pour déplacer les adversaires en volleyant, par exemple, au milieu, puis en jouant dans le coin du joueur qui vient de défendre la balle précédente. On peut également volleyer vers la grille : le rebond aléatoire nous permettra de surprendre l’adversaire.
Il faut savoir s’armer de patience ; il n’est pas possible de volleyer fort toutes les balles. La puissance mise dépend de la hauteur de la balle et du placement des adversaires. Si la balle est en effet sous le niveau du filet, le joueur est obligé d’orienter le tamis de la pala vers le ciel, pour ne pas prendre le risque d'envoyer la balle dans le filet. La frappe sera, du coup, plus lente, le but étant de laisser les adversaires en fond de piste. Même chose si les adversaires anticipent une frappe rapide et sont un peu plus avancés. Attention à ne pas tomber dans le piège de se faire contre-attaquer. Il faut essayer à ce moment-là de les repousser et d’attendre une prochaine balle qu’on peut alors agresser. La volée amortie, appelée « dejada » en espagnol, peut être également très efficace si elle est bien réalisée et jouée à bon escient. Elle s’effectue sur une balle adverse plutôt tendue. Nous allons utiliser un effet « rétro » pour faire revenir la balle dans le filet, dans la porte, ou même dans notre camp. Attention, cet effet est très difficile à maîtriser même pour des niveaux de joueurs confirmés !
• Position d'attente entre 1,5 m et 3 m du filet, sur les pointes des pieds avec les genoux légèrement fléchis
• La raquette toujours proche et devant le corps (important : ne pas amener la raquette derrière l'épaule), à la hauteur du menton, avec le coude par-dessous de la raquette de façon à constituer un "V" avec le bras et la raquette (coudes séparés et pas très proches du corps), bras fléchis
• Position armée courte et haute car peu de temps de réaction
• Calculer la distance de la balle avec des petits pas courts et rapides
• Épaule et hanche tournent sur le pied, jusqu'à se retrouver avec la face avant de la raquette regardant la balle ; le poids du corps est sur le pied le plus en arrière
• La tête de la raquette toujours vers le haut et ouverte, avec le bout inférieur légèrement avancé
• Impacter la balle le plus haut possible
• La main « non dominante » doit être tendue vers l'avant en pointant la balle
• La raquette toujours en avant avec un mouvement descendant et vers l'avant avec un effet coupé, le regard toujours fixé sur la balle
• Le point d'impact devant et à la hauteur des yeux et de la poitrine (si possible) car cette position permet d'augmenter la force
• Accompagner l'impact avec le pied contraire vers l'avant
• Le corps vers l'avant (à la recherche de la balle) et jamais en arrière (le poids est sur le pied de devant pour donner plus de profondeur)
• La main non dominante doit être devant pour équilibrer
• Le geste doit être court et vers l'avant jusqu'à finir avec le bras en extension en pointant vers la vitre du fond et en descendant jusqu'à la bande du filet
• Le poids du corps vers l'avant avec le but de donner plus de poids et de profondeur à la balle, vers le pied gauche (pour les droitiers)
• Les épaules s'alignent et se retrouvent parallèles au filet
• Important : tourner la hanche pour accompagner le coup
• La main non dominante signe la fin du coup
Conclusion : privilégier la volée en diagonale et/ou au centre, un peu moins long de ligne.
Passionné de padel depuis 2016, année où il a découvert ce sport, cet ancien -4/6 au tennis est aujourd'hui professeur de tennis et de padel au club de Bailly-Noisy. Yann Auradou est par ailleurs formateur en Île-de-France pour le TFP moniteur de padel et le DFMP. Il a également la charge de développer et de former les jeunes dans les ligues du Nord. En tant que joueur, il est au 11e rang au classement français de mai 2022 et a remporté le mois dernier avec Manuel Vives son tout premier P2000 (à Perpignan au club du Mas) en battant Cancel/Guichard en finale.